Impact économique de la Fco en Wallonie Près de 93 millions d’euros de pertes selon les vétérinaires
La fièvre catarrhale ovine (Fco), encore appelée ‘Blue tongue’ ou maladie de la langue bleue, affecte de nombreuses espèces de ruminants et notamment les ovins. Originaire des pays du Sud, la maladie touche l’Europe depuis l’année 2000, avec une recrudescence depuis l’été 2006, d’abord avec le sérotype 8 puis avec le sérotype 1 en 2007, provoquant une épizootie sans précédent en Europe.
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En Belgique comme en France, cette maladie a eu de graves conséquences technico-économiques sur les élevages, « surtout à cause de l’incidence élevée de troubles de la reproduction observés depuis l’automne 2007 », expliquait en décembre dernier Jean-Baptiste Hanon, de la faculté de médecine vétérinaire, université de Liège en Belgique lors des rencontres 3R à Paris.
Estimer les pertes économiques
La direction générale opérationnelle agriculture de la région Wallonne a décidé de mettre des chiffres derrière la maladie en finançant une étude destinée à estimer les pertes économiques liées à la FCO dans le sud de la Belgique.
« L’estimation des pertes chez les bovins et les ovins a été réalisée à l’aide d’enquêtes épidémiologique réalisées auprès d’éleveurs et de vétérinaires, ces enquêtes étant ensuite mise en relation avec différentes bases de données technico-économiques », poursuivait le Belge.
Quatre enquêtes épidémiologiques postales ont été réalisées avant et après la saison des vêlages ou agnelages parmi une sélection aléatoire d’éleveurs, auprès de l’ensemble des éleveurs d’ovins affiliés à la fédération interprofessionnelle caprine et ovine wallonne et pour finir, auprès de tous les vétérinaires ruraux.
Sept postes de pertes étudiés
« Il s’agissait de recueillir des données de terrain représentatives de l’ensemble des éleveurs et vétérinaires. »
Pour cela, sept postes de pertes ont été notés :
- Le nombre de foyers et le pourcentage d’exploitations infectées ;
- Le taux de mortalité attribué à la Fco ;
- Le taux de morbidité attribué à la Fco ;
- Les pertes attribuées aux frais vétérinaires ;
- Les pertes attribuées à la vente et aux variations de prix des animaux en conséquence du blocage des exportations ;
- Les pertes attribuées aux troubles de la reproduction ;
- Les pertes attribuées à la baisse de la production laitière des bovins.
Les taux de participation aux enquêtes ont été jugés satisfaisants et représentatifs.
Les enquêtes ont permis d’établir un récapitulatif des pertes économiques rassemblées dans le tableau ci-dessous.
Tableau 1 : Récapitulatif des pertes économiques par exploitation standard en fonction du statut clinique de l’exploitation vis-à-vis de la Fco et du type d’élevage. (© 3R) |
Trois hypothèses
« Comme le nombre de foyers cliniques variait en fonction des sources de données, trois hypothèses ont été envisagées : basse, moyenne et haute », poursuivait le spécialiste belge.
L’hypothèse basse est la moins réaliste car elle sous-estime le nombre réel de foyers cliniques. L’hypothèse moyenne (vétérinaires) est à priori plus fiable que l’hypothèse haute (éleveurs).
Tableau 2 : Pertes totales attribuées à la FCO pour la Wallonie pour la période 2006-2007. (© 3R) |
Les pertes technico-économiques à l’échelle de la région Wallonne entière varient entre 35,3 millions d’euros et 104,8 M€ selon l’hypothèse retenue.
« Ces chiffres sont similaires à ceux d’une étude française concernant les ovins » (lire ici l’étude française), détaillait Jean-Baptiste Hanon.
« Cependant, pour les bovins, les chiffres sont supérieurs. Cette différence s’explique par le fait que les pertes liées à la reproduction n’ont pas été prises en compte dans l’étude française. Notre étude montre que les pertes reproductrices s’élèvent à 56 % des pertes totales, pour les bovins allaitants, et à 40 % pour les bovins laitiers. »
Toutefois, en soustrayant ces pertes, on obtient 91 € par vache allaitante et 140 € par vache laitière, des chiffres assez proches de l’étude française.
Les pertes les plus influentes étaient liées aux troubles de la reproduction. « Nos résultats suggèrent de reconsidérer les estimations précoces des pertes technico-économiques liées à cette épizootie en Europe », concluait le scientifique.
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.
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